Le chemin de la croix fait partie des dévotions particulières
devenues populaires au sein de l’Église catholique. Le chemin de la
croix n’est pas un sacrement mais une pratique qui fortifie et soutient
la foi du catholique, c’est une piété populaire. Elle est biblique parce
que dans le chemin de la croix, les catholiques méditent les récits de
la passion de Jésus Christ.
Le chemin de la croix est une pratique
spirituelle à encourager parce qu’elle nous permet de rendre actuelle la
douleur de la souffrance du Christ, de reprendre aujourd’hui le chemin
de la souffrance et de la douleur.
Le chemin de la croix c’est
simplement un pèlerinage à Jérusalem que le catholique fait sans se
déplacer en terre sainte. Cependant, selon les paroisses et pays, la
manière de faire le chemin de la croix diffère surtout le vendredi
saint. Nous trouvons de plus en plus des mimes de la passion du Christ
durant le chemin de la croix surtout le vendredi saint. Le fait de mimer
le chemin de la croix le vendredi saint est-il convenable à la pratique
spirituelle des chrétiens surtout le vendredi saint ? Le chemin de la
croix mimé est-il obligé par l’Église?
Origine du chemin de la croix?
Le chemin de la croix fait partie des dévotions particulières issues de
la pratique des fidèles des premiers siècles de l’Église. En effet, dès
le début de l’Église, les chrétiens s’organisaient pour méditer les
lectures des Écritures durant les semaines qui précédaient la Pâques
mais aussi les vendredis de l’année.
Il est important de noter que
c’est une spiritualité et une pratique des chrétiens orientaux vivant à
Jérusalem, de méditer des textes bibliques dans le but de vivre la
passion surtout dans la liturgie du vendredi saint. Les chrétiens
suivaient les traces de la passion du Christ jusqu’au Golgotha comme le
font aujourd’hui les chrétiens de toutes les confessions qui visitent
Jérusalem. Les frères et prêtres franciscains (religieux catholiques de
la congrégation qui étaient présents à Jérusalem depuis le 13ème
siècle, vont découvrir cette spiritualité et vont la pratiquer. Et c’est
le 16 janvier 1731 par le Bref exponi nobis que le Pape Clément XII
permit que le chemin de la croix soit pratiqué dans toutes les
paroisses.
Le chemin de la croix était donc d’abord une dévotion
propre aux franciscains qui est devenue ensuite une pratique acceptée
dans toutes les Églises. Il est important de noter que le chemin de la
croix n’est pas pratiqué obligatoirement dans toutes les paroisses, car
c’est une dévotion. Et la manière de faire le chemin de la croix peut
changer d’une paroisse à une autre. Il faut savoir qu’il y a une
différence entre la dévotion d’un groupe et une doctrine imposée à toute
l’Église. Par exemple la méditation du rosaire chaque jour est une
dévotion propre aux groupes à spiritualité mariale et cela peut être une
pratique d’un groupe précis. Alors que la manière de célébrer la messe
est une pratique imposée à toute l’Église.
Mais le chemin de la
croix est une dévotion qui est importante. Car par le chemin de la
croix, on partage les souffrances du Christ et on vit ce qu’il a vécu.
Et puisque le chrétien suit le chemin du Christ, dans ce chemin, il y a
la naissance, la croix et la résurrection. Faire le chemin de la croix,
c’est donc suivre le Christ dans sa douleur. On le fait les vendredis,
parce que c’est le jour de la mort du Christ.
On utilise quatorze
stations, mais on peut utiliser dix stations ou sept. Cela dépend de la
manière dont on veut faire la méditation, car c’est une dévotion. On
peut même faire le chemin de la croix chaque vendredi de l’année, comme
le rosaire chaque samedi. Le chemin de la croix n’est donc pas un rite
magique. C’est le fait de marcher avec le Christ dans ses moments de
douleur.
Que retenir?
J’aimerais inviter ceux qui
organisent les mimes du chemin de la croix, à respecter le message
évangélique, le message spirituel, car nous ne sommes pas dans la
comédie. Il faut mimer pour permettre aux autres d’entrer dans la
prière. Dans le cas contraire il serait mieux de ne pas mimer les
stations. Le chemin de la croix est une spiritualité dense, une dévotion
dans laquelle nous vivons quelque chose de fort. Surtout le vendredi
saint, il faut entourer le chemin de la croix de tous les éléments
spirituels et liturgiques prévus par l’Église. Dans l’Église nous
utilisons de l’art pour traduire et rendre le message évangélique
accessible. Cependant le côté artistique ne doit pas submerger et
inonder l’aspect spirituel et théologique. Dans les lieux ou le chemin
de la croix mimé aide les chrétiens à comprendre l’enseignement de la
passion et à vivre le sens du vendredi saint, l’on peut garder cette
coutume. Cependant, pour les paroisses dans lesquelles le chemin de la
croix mimé ne permet pas aux chrétiens de prier mais devient un espace
de rire et de comédie organisée, il serait mieux de garder simplement le
chemin de la croix sans mime.
Ce qui est important c’est de
nourrir la foi des fidèles et non de faire plaisir à un groupe de
personnes qui veut faire du spectacle. Le vendredi saint est tellement
important et unique dans l’année qu’il faut éviter de le banaliser comme
si on était à l’évènement humoristique « Bonjour » de la Radio Télévision
Ivoirienne. Le chemin de la croix et le récit de la naissance du Christ
peuvent être mimés mais tout en conservant le sens théologique et
spirituel car tout ce qui est lié au Christ doit être entouré de sérieux
et de piété. Si on décide de mimer le chemin de la croix ou de ne pas
mimer, il faut respecter les paroles du récit évangélique que nous
utilisons et il faut respecter l’esprit du vendredi saint.
Il ne faut pas travestir et édulcorer le récit de la passion en fonction de notre pièce théâtrale.
Les acteurs doivent être formés comme tous les lecteurs pour permettre
de vivre la passion du Christ le vendredi saint. C’est pourquoi les
prêtres doivent veiller à la représentation du chemin de la croix pour
ne pas que le récit mimé remette en cause le message évangélique qui
doit être vécu dans un silence méditatif.
Ce qui est important dans
le chemin de la croix du vendredi saint c’est le modèle qui permettra
aux fidèles de prier, c’est le fait de prier. C’est pourquoi le vendredi
saint, si des circonstances nous empêchent d’être à l’église, nous
pouvons en groupe, en famille, à la maison ou seul, trouver un temps
pour méditer le récit de la passion. Ceux qui ne savent pas lire ou si
on n’a pas la Bible là où nous sommes ou encore si des circonstances
atténuantes l’exigent, ces derniers peuvent méditer le rosaire surtout
le mystère douloureux ou même simplement prier avec le chapelet en se
souvenant des étapes de la passion du Christ. Il faut vivre durant le
vendredi saint dans l’esprit de la passion de notre Seigneur.
Père Marius Hervé Djadji de Yaobou
Professeur de théologie dogmatique
Contact: lajoiedeprier.nguessan@yahoo.fr